Voyages !

Publié le par Vincent Mahey

P1050516 Promotion sociale à la Renaissance

 

 

Le 22 décembre 2010


Le fog de Dakar est comme celui de Los Angeles ou de Paris. Il donne à la ville un éclairage fabuleux. Les murs lisses des maisons dans notre petite rue de Yoff sont chromos et lumineux malgré un temps semi pourri qui ne nous lâche pas. Ça jacasse très dur à tous les étages de notre pension ce matin, comme tous les matins. L’hôtel est overbooké et on y croise à toute heure de nouvelles hordes. Ce matin, je mettrai mon billet que ce sont des Nigérians qui ont écourté le repos des guerriers.

Les guerriers se sont un peu laissés aller autour de quelques bières hier soir après le concert fleuve du jour et on était encore à refaire le monde vers 5 heures avec François et Axel. Nous sommes ébaubis, étonnés, stupéfaits chaque jour par ce pays et ces gens.

 

On passe notre vie à mettre de l’ordre et à appliquer nos recettes pour faire marcher notre scène.  La tâche est assez lourde, objectivement, et on ne peut pas se défaire comme ça de nos méthodes pour tenir nos objectifs de qualité. Déjà en France, je pense que, souvent, on nous prend pour des dingues frénétiques. C’est difficile d’expliquer l’état d’esprit qui nous anime même à des gens très proches. Axel dit souvent «C’est fou ce que la musique nous rend fous». Alors ici, oui, les gens nous prennent pour ce que nous sommes, des fous furieux, des martiens ! Parfois, dans des courts moments de découragement, on remet en cause nos méthodes pour donner des directions à  ce chantier. On butte sur des choses qu’on croyait stabilisées 2 jours auparavant.

Ces derniers jours, on s’est fait donner une pure leçon par un réalisateur vidéo tombé du ciel. Pour combler  le manque cruel de com sur notre scène,  Khadie a organisé la venue d’une équipe de tournage avec régie finale. En guise d’équipe, nous est arrivé un camion plein de caméras, d’intercom, de monitors, de mélangeurs, de câblages et un seul gars pour gérer tout ça. Un petit gars, Fabrice, à la gueule de Steven Tyler - INCROYABLE la ressemblance.

 

On a vite compris que c'était pas du genre à se démonter pour grand-chose. Il a vite compris aussi que j'avais personne de qualifié à lui mettre derrière ses caméras  et que je pouvais lui donner comme cadeau de bienvenue une petite tente pour mettre sa régie finale et une arrivée électrique 32. Puis on a plus jamais entendu parler de lui.

En une journée, Fabrice a réussi à nous faucher nos roads, leur apprendre tout ce qu’un cadreur a besoin de savoir pour filmer des concerts et placer ses troupes aux quatre coins du théâtre. Le plus grand tour de passe passe qu’il nous ait fait, c’est d’avoir réussi à faire monter des gars sur le plateau pour faire des plans collés collés. Je vous jure, y a pas beaucoup de prods qui réussissent à nous faire gober ça. Mais là, honnêtement, il nous a feintés comme des bleus parce que son dispositif est tellement naturel, tellement transparent qu’on les a pas vus venir. Le premier soir, j’ai vite compris qu’il se passait quelque chose sur l’écran géant qui avait déjà reçu des images d'autres équipes les premiers soirs.  Un vrai document tourné monté avec des vraies belles images et un rythme incroyablement musical. Il faut l’entendre, installer sur des fly case, donner ses ordres très précis à ses cameramen semi professionnels. Ça y est, j’en suis sûr maintenant, quand je l’entends presque chanter son balai de rotation. En fait, c’est vraiment le cousin de Steven Tyler.

- Mamadou, tu resserres et tu panotes vers la droite, non l’autre droite Mamadou ! Ah là, c’est super je te prends - walk this way.

 - Attention Hogo, je vais venir vers toi, ça va se passer tout cool en large sur les 2 grateux - Oh, c'est du très bon ça, merci Hogo, je te prends -

 … walk this way, give me a kiss, like this !

 

 Bon, le petit artiste, il nous met quand même bien dans la merde parce que va expliquer a un cadreur  ¾ pro qui peut voir le lendemain son travail sur les écrans géants disséminés dans la ville, que faudrait qu’il aille décharger le backline de Omar Sosa !!!

 

De toute façon, à la Renaissance, on est pour la promotion sociale. L’ascenseur a atteint une vitesse phénoménale avant-hier dans la nuit. Ibou, notre petit chauffeur tête de lard grand cœur a ramassé une jeune femme en perdition, sur la VDN, et son camion s’est garé devant l’hôpital juste au moment où la femme devait absolument accoucher vite, vite. Tout s’est bien passé et les sage-femmes accourues pour attraper l’enfant ont décerné à Ibou son diplôme de chirurgien-obstétricien 1er degré. On sait aussi que notre petit wouawoua 8 places pourra servir d’hôpital volant en cas de guerre.

Bon enfin, rien que du normal en somme. Le parrain de la petite fille était même pas fatigué le lendemain après avoir passé le reste de sa nuit à nettoyer son bolide.

 

Ces 3 derniers jours, la musique nous a été livrée vraiment en quantité orgiaque. Honnêtement, le niveau  musical a été très relevé. Pas le souvenir d’avoir eu des plateaux médiocres, mais quelques souvenirs vraiment vifs. Au rythme de 4 ou 5 concerts par soir, il faut faire un effort pour que tout ne glisse pas dans les oubliettes.

 

Le 19, United colors of Africa , le retour

 

Une belle soirée avec nos amis libyens venus redonner leur symphonie monocorde. Moins en verve que le premier soir, je crois qu’ils sont surtout venus chercher des badges artistes pour ramener un trophée du Sénégal. Cette fois, en plus des chaises et des bouteilles d’eau, Ngone a pu leur offrir à tous les 25 un sandwich et un thé.

 

Ce soir-là, la sensation c’était vraiment un groupe soudanais. Débarqué 15 mn avant le début du concert à 19 heures.  Il a fallu qu’on se fasse aider par les Marocains pour comprendre de quoi ils avaient besoin. Il y a des «peuples» comme ça dont on ne peut pas se sentir proche à priori, la communication est très difficile, il faut être patient. Sauf que là, évidemment, on n’avait pas le temps de se renifler. Finalement, avec l’aide précieuse des Marocains, on les jette littéralement sur le plateau.

 

Deux  gouttes de son de claviers à droite à gauche, poum poum tchac la batterie, boom boom la basse, on aide le trompettiste visiblement éprouvé par le voyage ou par autre chose à monter sur scène et ….. bingo. Encore une musique venue de nulle part entre l’orchestre des mariages et enterrements de Bregovic, les transes du Maghreb et l’Afro Beat de Fela. Leur mise en place est stupéfiante, ½ morceau et le son est énorme. Je me souviens avoir attrapé à la volée comme ça les Temptations au festival de Tabarka et d’avoir eu la même impression d’un son énorme qui se fabrique sous les doigts sans qu’on ait grand-chose à faire. Incroyable !

 

Avec les Marocains, nous avons la surprise et la joie de retrouver notre petit prince Gnawas Mehdi, rencontré dans l’orchestre monté par Andy Emler pour sa  création «Slam et Atlas» à Royaumont l’automne dernier. Un délice de jeune homme, débordant de talent et de charisme avec son gumbri électrique, sa voix d’ange et son sourire de tueur à gage. Les Marocains nous enchantent avec leur rituel coloré. Les Gnawas me transportent. C’est un peu le contraire de Kadhafi en terme d’effet de masse : ils sont nombreux mais on dirait vraiment un seul homme. C’est de l’ordre de la transe, bien sûr. Une communion très intérieure et néanmoins très sonore, presque bruyante.

Puis ensuite est venu notre copain Etienne Mbappe. Etienne est en congé momentané de son Big Boss John Mc Laughlin et il me dit en arrivant l’importance pour lui, au stade de sa déjà longue carrière, de se recentrer sur son projet à lui. Ils sont nombreux les sidemen de luxe comme lui à tenter l’aventure. Etienne est en passe de réussir ce pari compliqué. Super groupe au sein duquel Etienne a embauché son fiston. Bass-man incroyable de père en fils… ces Camerounais. Etienne a tout pour devenir un grand leader, en particulier une voix douce et bien assurée pour envoyer ses jolies mélodies. Le public apprécie.

 

Le 20, Maghreb and Friends

 

La Renaissance est transformée en dernier salon de rencontres pour jeunes et vieilles stars du Maghreb. On est côte côte collé serré dans la  loge rapide sur le coup de 21 heures. Ngone, Amy et Yacine sont débordées, effrayées. Notre système de badges n’a jamais fonctionné (et il ne fonctionnera jamais, c’est promis !!!).

Les gendarmes continuent d’être très gentils et de faire très jolis dans le décor. En ville, on donne des badges à tout bout de champ et pourtant  les musiciens qui arrivent chez nous n’en n’ont souvent  pas. En passant à l’Obélisque, on a constaté que ce n’était pas la même ambiance. Là-bas, si tu ne montres pas patte blanche, c’est niet pour aller backstage.

Finalement, ça doit contribuer au folklore et à la convivialité chez nous. C’est à la bonne franquette et ça reste à peu près maîtrisé maintenant que ce sont des gens ordinaires qui nous rendent visite !!

 

Il ya là Khaled, Assane Hakmoune, Karim Zyad, les Gnawas, Malika Zara et quelques invités comme Ray Lema et Will Calhoun, toujours très curieux de tout (j’attends avec impatience son concert du 24 décembre, Will est toujours avec des projets inouïs).

Dans les gradins, les drapeaux marocains et algériens ont fleuri. Les femmes poussent leurs chants stridulents à pleins poumons. C’est une belle fête et Karim Z, très en forme, trouve les mots justes pour dire comme il savoure son plaisir d’être à Dakar et comme il a espoir en cette Afrique unie. Des mots simples et touchants avant d’envoyer un concert absolument parfait avec un groupe époustouflant. Karim est en train d’inventer un truc fort. Lui et son groupe maîtrisent parfaitement tous les ingrédients du jazz en plus de leurs traditions conservées intactes. Ils ont tellement bourlingué dans tous les contextes et à un tel niveau. Maintenant, ils n’ont plus qu’à s’occuper de musique. Et c’est ce qu’ils font à très haut niveau.

Karim m’a totalement scotché, honnêtement, je ne l’attendais pas à ce niveau de créativité et de maîtrise. Khaled saute sur scène en fin de soirée, c’est bon pour notre notoriété et au décibel mètre des cris de fans, évidemment, il conserve de grosses longueurs d’avance. Sa chansonnette n’a pas grand intérêt et l’ex petit prince paraît quand même un peu usé.

 

Le 21, Richard Bona au sommet du monument


Très grosse soirée à la Renaissance avec 2 solos magnifiques de Driss Maloumi et Judeh Camara. Puis Ray Lema en trio avec Etienne Mbappe et Conti. Puis Richard Bona et enfin, Omar Sosa entouré par un groupe de killers.

Richard Bona n’est pas du tout venu faire du tourisme à Dakar. Lui, il est bien venu avec tous ses collègues et tout son bass riggs. Il n’a pas laissé sa voix dans ses valises non plus. Dès l’après-midi pour une vraie balance, on sent qu’il prend l’affaire au sérieux, minutieux et prenant son temps (juste un peu trop à notre goût vue la journée qu’on a mais ça reste raisonnable).

 

Le copain Daniel Boivin est du voyage aussi et c’est un grand soulagement de le voir arriver parce qu’on sait que ce sera aux petits oignons pour le son (non, je dis pas ça parce que je sais que Daniel est un lecteur assidu du blog mais parce que c’est juste la vérité !!).

Je pense être un des premiers à avoir rencontré Richard Bona à son arrivée en France vers 1991. Il venait répéter dans mon studio de fortune à Aubervilliers, avec la grande formation époustouflante de Marc Ducret : 7 songs from the sixties.

 

C’était un petit jeune homme élégant et fin comme un roseau, plutôt timide. Lui et Bruno Chevillon à la contrebasse formaient un duo de graves juste pas vrai !! L’ascension de Richard a été fabuleuse, fulgurante. Il en a tellement fait que c’est vain de vouloir faire la liste. Zawinul, Benson, Metheny, Brecker, Harry Belafonte, ça vous marque un homme. Malgré tout, à chaque fois que je le rencontre, ça me fait un petit quelque chose de l’entendre me parler en anglais et de tenir avec aisance le rôle de la star qu’il est devenu. Bon, c’est mon côté grincheux. Mais ne boudons pas notre plaisir, franchement le gars est quand même un sérieux phénomène.

 

Le bassiste est resté intacte et au fil des ans, le chanteur s’est affirmé, avec sa voix d’ange. Richard construit son show, millimétré. Les arrangements dignes de steely Dan. Une pure variet’jazz «certifiée conforme niveau américain». Franchement, j’en suis assez scotché et tout juste si la fin de son show débordant un peu sur le registre «je te fais taper dans les mains et je suis hyper sympa» m’agace légèrement.

Le plus terrassant avec Richard, selon moi, c’est sa maîtrise de la dynamique. Il a compris depuis très longtemps l’importance de la nuance et surtout comment la gérer. Il impose à l’auditeur, même le plus bruyant, une qualité d’écoute en passant par les plus délicats pianissimos de son orchestre. Je ne connais personne d’autre qui maîtrise à ce point la chose.

Bon à l’applaudimètre, c’est lui le champion de la Renaissance, loin devant  Khaled et les autres. Richard s’en va. Il est sur la route d’une gloire plus grande, j’en suis persuadé.

 

Avant lui, Ray Lema est venu cette fois avec ses nouveaux compagnons musicaux Etienne et Conti. Une autre grosse Rolls en matière de rythmique. Ray hésite un peu, il se rêve pianiste jazz, son trio est un peu vert dans ce registre. Puis le «Zaïrois» revient à sa rumba d’origine et là, le groupe devient comme un seul homme pour envelopper sa belle voix haut perchée. Un super moment où je me dis que, décidement, Ray n’a rien à envier à Wemba dans un registre très proche.

 

Enfin nous finissons la soirée fleuve avec le nouveau groupe de Omar Sosa. Pas du tout venu pour rigoler lui non plus. De toute façon, au sens premier du term, lui, ce n’est pas un rigolo. Je ne l’ai jamais connu satisfait des conditions et de rien. On se fait un autre examen de  passage pour attraper à la volée et sans repérage l’après-midi un gros patch en 30 voies bourrées de samplers et autres machines de traitements à tous les coins du plateau. Le piano de Fx est magnifique. Grosse suée sur les 2 premiers morceaux pour attraper l’équilibre. Omar est venu avec un groupe terrible dans lequel se trouve le batteur Mark Gilmore et le Malien Lolla Silla, déjà rencontré avec Ernst Reisjseger.

Omar Sosa envoie une musique assez étonnante de liberté et d’énergie. Le groupe est incroyable. J’en suis presque convaincu, pour une fois.

 

 

Le 23, soir


Sur la route Saint-Louis Dakar, près de Tawfek. Les étoiles occupent toute la demi-sphère. De très hautes à très basses, dans toutes les directions. La lune encore très rouge de la fin de journée s’amuse à cache-cache avec les baobabs. Les baobabs forment un drôle de peuple. En les voyant d’aussi près, en si grand nombre, étirer leurs petits bras presque ridicules sur leurs corps gigantesques, on a envie de s’incliner.

En allant à Saint-Louis, nous avons retrouvé l’Afrique aux pieds nus, l’Afrique des gosses qui t’invitent à jouer au foot à toute heure, l’Afrique des femmes à la tête haute et qui produisent ce joli bruit en tordant leurs lèvres quand elles te voient passer : «PPPPPPffffffffUUUuuuiiiissssssT !». Une autre façon de dire : "qu’est-ce tu fous ici toi ?".

A  Saint-Louis, les salons de coiffure sont pleins à 4 heures du matin. Les réparateurs de télés trient leurs condensateurs sur le trottoir à côté des ébénistes et des Mauritaniens venus fourguer leurs bijoux en argent , les Sais Sais frimeurs qui tournent autour des nombreuse boîtes ou bar du centre ville.

Nous avons fait le voyage avec le petit frère Boubacar, bien sûr. Quelle joie c’était de se retrouver toute notre petite colonieP1050319 Sextan plus Virginie la compagne de FX et Gilles le pote de Presles venu faire son touriste pour la fin du festival. Boubacar habite au milieu de nulle part, pas très loin de l’Université de Saint-Louis. Il est bien entouré par un calme total, les hippopotames et des petits potagers cultivés tels des œuvres d’art par des employés gambiens.

Ça ressemblait à un camp de louveteaux découvrant pour la première fois la vie au grand air et la liberté totale. François a retrouvé sans difficulté ses talents culinaires pour nous fabriquer en 2 temps 3 mouvements un repas de gala : haricots verts sauce tomate oignons et riz. Le voila enfin notre repas  préparé avec amour. Bouba s’est mis en quatre pour nous évidemment et il a même trouvé le moyen d’improviser un matelas à chacun. J’en ai vu certains dont le prénom commence par un A qui avait les yeux assez écarquillés d’émerveillement au moment d’aller se poser sur les nattes.

Dakar et le Fesman nous ont quand même un peu crevé, à force. Ces 2 jours off sont bien venus et tellement dépaysants. Profitons-en, la dernière ligne droite va être assez rude avec 6 journées bien bien remplies du 24 au 29.

Chacun y est allé de son tour en calèche, visite aux pécheurs et flânerie sans but dans les rue de l’île et sur la langue de Barbarie. Le temps est court (trop) pour faire le tour des amies. Une petite bise vite faite à la poste, un moment passé à la Linguère, les amis artisans me saute dessus rue Blaise Diagne. Le Fesman, ici aussi, est très controversé. Abdou a finalement monté une scène gigantesque (juste un peu plus petite que celle de l’Obélisque). D’abord, en la découvrant à mon arrivée place Faidherbe, j’ai un petit haut le cœur. Tout juste si je reconnais MA place Faidherbe, complètement transformée par la présence du monstre d’acier. Et puis je vois de loin Ousmane et Lay en train de s’affairer sur scène. Ousmane finit par me repérer et se précipite dans mes bras en laissant en plan ses Brésiliens du jour. Ça fait chaud au cœur. Ses yeux brillent d’une fierté inouïe. Il me fait vite visiter sa maison, son plateau énorme. A la fin de la visite, il me dit, tu vois, comme ça, on est bien bien tranquille. Il me dit aussi que l’expérience est incroyable pour eux, l’apprentissage énorme.

Dans les rues autour, les gens s’amusent de tout ce pataquès. Il y a de la fierté, palpable dans toute la ville. On va au concert le soir sans trop savoir ce qu’il y aura mais on sait que ça se passe. Les commerçants semblent mesurés. Les hôtels sont pleins mais les gens travaillent mal dans la rue. De fait, l’ambiance de jour n’a rien à voir avec la folie festive des jours de Saint-Louis Jazz. On est très loin des embouteillages humains monstrueux les jours où on peut mettre 20 minutes pour aller de l’hôtel de la Poste à la place Faidherbe. Le printemps dernier, il m’est arrivé de rester absolument immobile pendant 5 minutes dans les petites rues de Saint-Louis, tel un automobiliste bloqué sur le périph .

P1050342.JPGLe matin , après un petit café devant le fleuve chez Bouba, chacun a trouvé un peu d’occupation utile et agréable. Virginie et FX ont entrepris de remettre à neuf en 2 temps le ¼ de queue japonais de Bouba. Bouba nous avait caché qu’il faisait un élevage de nids d’abeilles dans son piano. Loïc s’est attelé à débugger l’ordinateur de la maison.

 

C’est mon occasion de parler parler avec mon petit frère.

Tout y passe, j’en apprends sur lui plus que jamais. Sur les mourides, sur sa vie de Talibé à l’âge de 10 ans, sur les talents de ses frères, sur ses soucis et joie de chef d’entreprise. Boubacar a un sourire qu’il faut voir. On ne peut pas le décrire. Il vient de trop loin. Il est dans la catégorie des gens qui aiment les hommes dans leur intégralité. Rien ne peut le froisser, rien ne peut le fâcher contre personne. Du haut de ses 32 ans, il peut s’enorgueillir d’une sacrée philosophie.   J’ai un autre ami qui est comme lui : Andy Emler. Tous les 2 sont un peu sages. Boubacar m’explique l’importance du travail pour un Mouride et aussi l’importance d’être aller très très bas pour pouvoir aller très très haut.

 

Finalement, nous reparlons de ce déjà vieux projet de formation à mettre en place ici à Saint-Louis et on se décide vite à aller rencontrer le recteur de l’Université qui se trouve à 2 pas de chez lui. Le recteur est malade mais nous sommes reçus brièvement mais intensément par le directeur du département arts et culture. Boubacar a visiblement tissé des liens très étroits avec l’Université. On parle d’un cursus de type licence pro avec continuation sur un master. Le professeur semble assez avancé sur le cursus d’enseignement général et en demande sur la spécialisation son. Très sûr de son affaire pour ce qui est des financements. On échange vite et bien, je lui parle de notre école et de l’expertise très grande de mon ami Jean-Paul qui devra à mon avis envisager rapidement un voyage. Nous prenons rendez-vous pour le 30 à Dakar. Dans l’intervalle, j’espère pouvoir coincer Abdou et lui suggérer une magnifique destination pour une partie du très gros parc de matériel acheté par le Fesman. Nous traversons vite avec Boubacar et Gilles un beau campus où il doit faire bon venir apprendre.

 

La route me paraît longue ce soir. Les flots incessants de camions super lourds nous aveuglent de leurs pleins feux. Nous arrivons à notre résidence Atlantic peu après minuit. Demain est un autre jour.

Publié dans Sur place

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