Impression retour de Dakar.

Publié le par François YVERNAT

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Un mois, presque un mois, c'est le temps qu'a duré notre séjour à Dakar pour le Festival des Arts Nègres 2010. 30 jours absents de nos maisons, 6 jours de montage, 16 jours de presta, 4 jours off (et pour trois d'entre nous un premier janvier de repos pour faire nos courses de Noël...), 50 concerts, 13 ½ fiches techniques (d'accord j'exagère...), au moins 200 musiciens, 3 visites de Abdoulaye Wade et de ses sirènes sur notre scène, un à deux sandwiches froids poulet-frites par soir et par personne, des milliers de litres d'eau (Don't Forget Water), autant de sueur (d'accord pas pour tout le monde !), quelques bières, une bouteille de Ricard et une de whisky (merci FX) pour les retours à l'hôtel à deux heures du mat', 2 anniversaires au sein de la dream-team Sextan, 1 aller-retour Dakar-Saint-Louis en voiture (Moins vite Ibou, on est pas pressé de mourir. Et en plus y'a concert demain !), 20 kilos de riz (par personne !), un espoir de dégustation de fromage, une soirée pizza (merci encore FX), une quinzaine d’hôtesses-potiches endimanchées, du champagne à Noël (décidément un vrai chef ce FX !), 2 baignades dans l'Atlantique à plus de 22°C (je sais c'est chaud...), deux voyages en avion interminables (moins inter que minables d'ailleurs), 2 ou 3 fou-rires mémorables, beaucoup de blagues et de jeux de mots laids (comme disait Bobby) et même pas de raton-laveur...

 

Et pourtant c'est comme si notre escapade m'avait paru durer le temps de dire : "Qu'est-ce que vous voulez dire là-d'dans ?" ou un truc du genre style quoi. Bref pas bien longtemps. Sentiment trompeur car la seconde d'après je me dis que nous avons fait beaucoup de choses et que – tiens ça me titille ? – il y en a encore plein à faire là-bas avec nos collègues techniciens sénégalais.

 

Et pourtant encore, l'autre soir, à Dakar, j'ai lancé dans la nuit noire que le mot important du séjour avait été, pour moi en tout cas, le mot "attente". Attente de notre chauffeur, attente des infos techniques, attente du matériel, attente des camions (ceux de l'aller c'est fait, ceux du retour à l'heure où j'écris on les attend toujours pour embarquer notre matériel), attente des sandwiches (toujours froids et au poulet-frites), attente du sommeil qui ne vient pas, attente de pouvoir appeler la famille par internet, attente d'une percu africaine (t'en fais pas ça arrive !) qui finalement ne viendra pas, attente de la programmation définitive du jour qui changera en cours de route, de l'artiste qui finalement n'a pas eu de billet d'avion, de la journée de repos, du moment pour visiter les expos en ville (ce moment nous l'attendons encore, dommage...) et pour finir en beauté attente de M. Wade qui, de sources policières, finit sa sieste avant de venir au concert de clôture qu'il a commandé.

Axel m'a rétorqué qu'il placerait plutôt le mot "timing" en tête de liste. Bon ou mauvais timing, décalage de timing, timing parfait (si, si...) : c'est lui qui a raison finalement. Timing est bien plus approprié. Nous avons en fait découvert que le temps ne s'écoulait pas de la même façon au Sénégal. Et qu'une heure sénégalaise n'avait rien à voir avec une heure légale. Par exemple pour faire la route Dakar-Saint-Louis il faut 3h30 en temps sénégalais. En temps légal c'est plutôt 5 heures. Idem pour le temps nécessaire à un groupe d'artistes pour arriver de leur hôtel :

- Dis moi Amalla, ils arrivent quand les artistes qui sont censés monter sur scène dans 5 minutes ?

- Ils sont partis il y a 15 minutes et devraient être là bientôt.

- Tu m'a déjà dis ça il y a ½ heure je te rappelle...

- Oui mais là ils arrivent bientôt...

Au final 30 minutes de retard pour le début du concert et presque personne pour s'énerver dans le public, je reste le seul à soigner mon ulcère en y attachant trop d'importance. La prochaine fois je m'achète une montre sénégalaise c'est sûr !!!

 

Et pourtant toujours la nuit dernière je me suis réveillé en sursaut dans mon lit en me croyant encore dans ma chambre d'hôtel de Dakar, en me demandant si j'avais les bonnes infos techniques et si nous aurions le matériel adéquat. Ce doit être un télescopage temporel entre le temps sénégalais et le temps français. J'y suis encore en n'y étant plus. J'ai dû me faire marabouter, c'est sûr !

Publié dans Bilan

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